Les Innocents était le groupe phare des années 80-90. Après une séparation en 2000, Jipé Nataf et Jean-Christophe Urbain se sont reformés et livrent deux nouveaux disques : Mandarine (2015) et 6 1/2 (2019). Les deux musiciens se confient pour Villeneuve Mag sur leur riche carrière.
Déjà quarante ans de carrière pour Les Innocents. De quoi êtes-vous le plus fiers ?
Jean-Christophe Urbain : De ne pas trop nous être égarés dans notre façon de travailler. On a toujours besoin d’avoir un petit côté foutraque, artisanal, un peu en dehors, tout en aimant quand même la lumière.
Jipé Nataf : Beaucoup nous disent qu’on est un peu la bande-originale d’un moment de leur vie. Sur un de nos concerts, la semaine dernière, une petite fille connaissait par coeur certaines de nos chansons qu’elle avait appris de sa maman, qui elle-même les écoutait avec son père. On s’étend sur trois générations.
Pour beaucoup, vous êtes un groupe de poprock mythique des années 80-90… Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
J.C.U. : Musicalement, on était construit mais on était dans l’urgence et dans la volonté de prouver qu’on ferait quelque chose. On offre nos chansons beaucoup plus facilement aujourd’hui qu’à l’époque.
J.P.N. : C’était excitant, Il y avait de l’adrénaline mais nous n’avions pas le temps de prendre du recul et de rendre les choses agréables. Même à l’époque des Victoires de la musique et des disques d’or, nous n’avons pas souffert du tout d’une surmédiatisation.
Et cette première Victoire de la musique du meilleur groupe de rock en 1994 ?
J.C.U. : J’étais surtout content pour mes parents. En ce qui nous concerne, ça n’a rien changé. Nous n’avons pas vendu plus d’albums après.
J.P.N. : C’est comme avoir son bac. Mes parents se sont séparés quand j’avais cinq ans et c’est la première fois que je les ai revus dans la même pièce, le jour des Victoires de la musique. Mais notre plus grosse fierté, à cette époque-là, c’est lorsqu’un de nos disques rentrait en radio.
Êtes-vous surpris encore aujourd’hui par le succès ou non de certains de vos titres ?
J.C.U. : La vraie surprise, c’est quand ça marche. Il faut de la chance et qu’une chanson résonne plus chez les gens qu’une autre. Quand on a commencé à jouer de la musique, on pouvait imaginer qu’une de nos chansons passe à radio alors que c’est plus difficile aujourd’hui. On a eu la chance de faire partie de l’époque Top 50.
J.P.N. : Nous étions plutôt un groupe de singles. Nous avions un côté joueur. On sort Jody, jackpot. Après on galère puis on marche un peu et tout d’un coup ça cartonne. On est comme des techniciens de F1 : à refaire et refaire une chanson en se prenant la tête. On se fichait d’être beau, pertinent et intelligent. L’important c’était que notre chanson ait du succès. Notre musique ne ressemblait à rien d’autre et c’est une chance : on nous classait à la fois dans la variété et dans le rock.
Aimez-vous toujours la rencontre avec votre public en concert ?
J.C.U. : Nous n’avons pas les mêmes plaisirs avec Jipé. J’aime bien imaginer qu’un concert, c’est un bon début de soirée, comme le théâtre et le cinéma. Jipé est plus dans le présent de la scène et à se dire je n’ai pas envie de partir.
J.P.N. : Il faut dire que jouer les titres des Innocents en concert, c’est assez énergivore.
Qu’allez-vous jouer à la salle du Virtuoz Club de Villeneuve ?
J.P.N. : On pioche un peu dans tous les disques. C’est la loterie le soir du concert. On choisit dix minutes avant mais c’est toujours agréable de jouer une chanson qu’on a pas jouée la veille.
J.C.U. : Il y a du fétichisme là-dedans car il y a au moins toujours les douze mêmes chansons que l’on va interpréter.
Concert des Innocents, vendredi 21 novembre à 20h30 au Virtuoz Club.